La barre symbolique est franchie : 3 305 milliards d’euros de dette publique, soit 113 % du PIB français. Pour beaucoup, cette donnée reste abstraite. Mais dans les faits, elle se traduit par une question très concrète : qui paiera la facture ?
Alors que les gouvernements se succèdent et que les budgets se crispent, les épargnants français changent silencieusement de cap. Une frange croissante de la population s’éloigne des placements bancaires traditionnels pour revenir aux fondamentaux : foncier, objets de valeur, et surtout, or physique.
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L’or physique : une tendance de fond, alimentée par la défiance
Depuis plusieurs mois, les professionnels de la gestion de patrimoine constatent un regain net d’intérêt pour les métaux précieux.
« Nos clients cherchent à sortir de la logique du rendement immédiat. Ce qu’ils veulent aujourd’hui, c’est de la stabilité, de la discrétion, et de la propriété réelle », explique Philippe Lorenzi, conseiller en stratégie patrimoniale à Bordeaux.
Les chiffres le confirment. Selon le World Gold Council, la demande d’or physique en Europe a augmenté de plus de 18 % au premier semestre 2025, portée notamment par la France, l’Allemagne et l’Italie. Les lingots classiques séduisent toujours, mais une catégorie particulière retient l’attention des acheteurs les plus avertis : les pièces anciennes, notamment celles frappées avant 1801.
Pourquoi les pièces d’or d’avant 1801 attirent autant ?
Ce regain d’intérêt n’a rien d’un effet de mode. Il s’explique par un avantage fiscal très spécifique. Les pièces frappées avant 1801 sont considérées comme des biens meubles anciens, hors du champ fiscal classique, dès lors qu’elles sont revendues sous les 5 000 euros.
Autrement dit :
- Pas de déclaration obligatoire à la détention,
- Pas d’imposition sur la plus-value (sous seuil),
- Pas de taxe à la transmission, dans le cadre d’un don manuel.
« Ces pièces permettent de constituer une poche patrimoniale qui échappe totalement aux radars fiscaux, sans enfreindre aucune règle », confirme Sophie Caron, notaire spécialisée en gestion patrimoniale. Une aubaine, dans un contexte où les gouvernements cherchent à élargir l’assiette fiscale pour financer le service de la dette.
De plus, ces pièces sont rares, authentifiées, et demandées à l’international. Certaines plateformes comme montelieugestion.com se sont d’ailleurs spécialisées dans leur acquisition et leur conservation, offrant aux investisseurs une porte d’entrée sécurisée vers ce type d’actif.
Un capital « hors système » de plus en plus recherché
Le phénomène dépasse le simple cas de l’or. On assiste à une désintermédiation patrimoniale. L’épargnant type, autrefois fidèle à son banquier ou à son assureur, explore aujourd’hui des solutions plus concrètes, moins exposées aux politiques publiques.
- Le foncier rural, plus stable et moins fiscalisé, attire les profils prudents.
- Les montres anciennes, œuvres d’art et objets de collection reviennent aussi dans les portefeuilles diversifiés.
- Et surtout, l’or physique, notamment les pièces, devient un actif d’indépendance.
L’une des plus anciennes plateformes spécialisées, Aucoffre.com, indique une hausse significative des ouvertures de coffres numériques et des demandes de livraison physique en France, mais aussi en Suisse et à Monaco.
Vers une nouvelle culture patrimoniale ?
Faut-il y voir un simple effet de contexte ou un changement de mentalité plus profond ? Si l’histoire économique est cyclique, les choix patrimoniaux, eux, peuvent façonner une génération entière d’investisseurs.
Les Français redécouvrent ce que leurs aïeux savaient déjà : un titre en bourse peut s’évaporer, un livret peut être gelé, mais une pièce d’or bien conservée traverse les siècles.
Alors que les débats budgétaires s’enflamment à l’Assemblée et que la pression fiscale guette, certains préfèrent sécuriser une partie de leur patrimoine dans le silence et la légalité d’une simple poche de feutre, contenant parfois plusieurs milliers d’euros d’histoire.
